Depuis quelques mois, je travaille autour de la montagne, d’un point de vue géologique, formel et poétique. La montagne représente pour moi, un espace privilégié de contemplation, d’évasion et de ressourcement. Être au milieu de ces reliefs, en contact avec le sauvage, animal, végétal ou géologique me procure un sentiment d’humilité et d’appartenance à ce monde, qui me porte dans la création ensuite.
La plasticité de l’argile modèle des reliefs, des textures sur les sculptures. La terre par superposition, ajout de chamotte, de couleurs, déformation, réinvente la montagne. Elle crée un rapport intime entre la matière et le corps. Les temps de création deviennent des moments privilégiés de liaison entre l’ancestralité de l’argile, érodée par les éléments naturels et des souvenirs, des sensations très récentes de randonnées dans ces reliefs montagnards. Ce sont aussi des moments d’évasion, d’échappées belles sur des sommets, des cols ou des crêtes imaginaires que mes mains modèlent. La forme finale, somme des gestes, des effets imprévus, des repentirs conserve toutes les traces dans la matière. L’étape finale de la cuisson précipite par la chaleur, les modifications élémentaires de la matière physique, comme une accélération temporelle, la roche se fige à nouveau.